Ceux qui

ne sont que le rouge et le noir de l’Amérique

Celles qui

n’ont de monuments qu’au fond des océans

Ceux qui

portent dans les jambes des marches

qui ne finissent jamais

Celles qui

font cérémonie bruyante de leur souffle

Ceux qui

sont vivants

et

Celles qui

ne cessent de revenir depuis la mort

Ceux qui

veillent les images nègres,

sans maître,

dans l’estomac

et le sexe

dans la poitrine

et la rétine

dans la main

le pied

l’ongle,

dans la bouche cassée

qui ne sait parler qu’en biais.

Ceux qui

font la fête

Celles qui

tremblent sur la musique

Celles qui

tremblent avec des images

que personne ne peut saisir

que personne n’a jamais vu

Ceux qui

veillent

Ceux-là

reviennent

Celles-là

fabriquent des lieux fantômes

rien qu’à se tenir là

Ceux-là

portent à même la peau

des architectures de pétrole.

Celles-là

jettent dans le feu

la musique mélancolique des cités sans repos

et errent dans le spectre ultraviolet de la périphérie

Ceux-là

dont on ne sait jamais tout à fait le visage

Celles-là

sont des matières dangereuses

qui passent toutes les frontières

chambres d’écho pour les paroles trop fortes

et les gestes sans règle

Celles-là

déversent des mauvais regards en guise

de géologie coléreuse

et projettent l’Histoire de leurs yeux brûlés

Celles-là

exhibent leur chair pleine d’écritures

qu’on n’a pas le temps de lire.

Celles-là

chérissent les noms des morts.

Ceux-là

parlent sans jamais finir de phrase

autotunent des langues volées.

Iels veillent

---